samedi 10 novembre 2012

Hôpital: guide de survie en milieu hostile




Prenez garde aux sols glissants de l'hopital

Quelques règles de survie à mémoriser pour quiconque débuterait à l'hôpital:

- Présentez-vous, tout le temps à tout le monde, même si ce n'est pas le moment, même si personne ne fera l'effort de se rappeler de votre prénom (sauf pour vous demander de faire un remplacement le week-end).                                                                                                                                              

- Apportez du café et ce dés les premiers jours.

- Inventez-vous une grand-tante grabataire à qui vous allez rendre visite lorsque vous ne travaillez pas si vous ne voulez pas être systématiquement rappelé sur vos jours de repos/congé. Ça marche aussi avec un enfant cancéreux ou un mari tétraplégique. Si vous n'avez pas de bonne excuse, on vous reprochera de ne pas avoir l'esprit d'équipe.
                                                                                                                                                                        - Il y a toujours une infirmière qu'il faut se mettre dans la poche, afin d'éviter que ne circulent d'horribles rumeurs sur vous. Identifiez là au plus vite. Elle s'appelle souvent Martine, Françoise ou Véronique (ne me demandez pas pourquoi, j'essaye toujours de percer le mystère). Elle a au moins 10 ans de boîte, tout le monde la déteste mais tout le monde fait semblant de l'aaaaaaadorer et lui parle sur un ton mielleux. Elle arrive à 8h30 après la tempête et repart à 16h. (Je vois dans vos yeux que vous voyez de qui je parle).Elle a tous ses mercredi (ba oui pour s'occuper de ses 2 enfants, grands les enfants hein!) et ne travaille presque jamais le week-end-end. Elle sait tout sur tout, refuse le progrès, déteste les jeunes infirmière et ne donne jamais les antalgiques au patient (surtout quand il s'agit de la morphine) parce que "il-fait-de-la-comédie-il-a-pas-si-mal-que-ça".
 Elle a sa place attitrée dans la salle de repos (qu'elle squatte allègrement) et est très copine avec la cadre. Celle-là, ne vous mettez jamais mal avec elle. Jamais!
Certains l'ont fait, ils ne sont plus là pour en témoigner.

- Quand vous prenez votre petit-déjeuner dans la salle de repos, tapissez préalablement la table d'essuies-mains pour ne pas la salir. Quand vous avez terminé votre bout de pain sec, regroupez méthodiquement les essuies-mains entre eux de façon à ne pas faire tomber une miette puis nettoyez ostensiblement et vigoureusement la table à coup de désinfectant bactéricide et virucide. Même si elle est parfaitement propre, ne vous posez pas de questions: nettoyez-là encore et encore ! Martine is watching you !

- Même si vous mourrez de soif à force de courir partout et de faire le boulot pour trois (le votre, celui de l'infirmière absente et celui de Martine/Françoise/Véronique), ne buvez pas trop, vous n'aurez pas le temps d'aller aux toilettes: mieux vaut attraper une bonne vieille infection urinaire qui se transformera en insuffisance rénale faute de soins, que de vous retrouvez à vous dandiner une jambe sur l'autre en pleine pose d'un cathéter d'un patient au capital veineux désertique.

- N'appelez jamais l'interne de garde sauf si votre patient est mourant, débrouillez-vous. Vous n'arrivez pas à déchiffrer sa prescription ? Demandez à Martine, elle sait tout et se fera un plaisir de vous montrer sa supèriorité.

- Ayez tout un lot de stylos quatre couleurs. Non seulement on vous les volera l'air de rien très régulièrement, mais en plus, le seul que vous arriverez à garder accroché à votre blouse, vous le ferez tomber dans la cuvette des toilettes en essayant de faire pipi en moins de 10 secondes (pour ceux qui n'auraient pas suivi mon conseil plus haut).

- Ne vous asseyez jamais à côté du téléphone. Vous comprendrez très vite pourquoi.

- Ne vous asseyez jamais sur le siège de Martine. Vous comprendrez très vite pourquoi.

- Ne vous asseyez jamais, ça vous évitera de faire une boulette.

- Quand vous vous déplacez dans les couloirs, même si ce n'est que pour aller voir votre planing, ayez toujours un tensiomètre à la main ou un dossier, encore mieux, les deux à la fois. Avancez d'un pas rapide avec un air débordé que vous aurez préalablement travaillé devant votre miroir. C'est ce qui s'appelle brasser du vent, et à mon grand étonnement ça marche (Cf Martine).

                                                                                                                                                                 N'hésitez-pas à compléter cette liste, elle peut être très utile et éviter maintes humiliations suprêmes dans notre beau microcosme qu'est l'hôpital.

Ps : aucune Martine n'a été bléssée pendant l'écriture de ce billet.

En cliquant ici, vous apprendrez à cerner vos collègues en un clin d'oeil


Devenir infirmière: trois ans et demi de formatage


Les étudiants infirmiers ne savent pas dans quoi ils s'embarquent...et heureusement !

La formation commence par l'infantilisation

Il y a une chose à savoir quand vous commencez votre formation: que vous sortiez du bac ou que vous soyez un quinquagénaire ancien directeur d'entreprise, on vous traitera comme une fillette de 5 ans, écervelée et capricieuse. Cette étape d'infantilisation consiste à entamer le processus de docilité et d'asservissement qui fera de vous un bon professionnel.  

Une fois que vous avez compris ça, entrez dans le moule, ne vous rebellez pas et surtout ne laissez rien transparaître de votre vie privée : votre mère vient de décéder ? Votre copain vient de vous larguer ? Vous vivez à la rue? Vous travaillez toutes les nuits pour payer vos études ?
Vous aurez toujours l'oreille en apparence compatissante d'une formatrice pour vous écouter. Mais sachez qu'au moindre faux pas (ou pas), ça se retournera contre vous, on vous qualifiera d'instable,de trop fragile pour faire ce métier. Nombreux de mes collègues en ont malheureusement fait les frais.

Deuxième acte de la formation en IFSI : la dépersonnalisation

Alors un seul mot d'ordre pour réussir : souriez et serrez les dents! Une fois qu'on vous a dépossédé de toute histoire personnelle, de tout point de vue, de toute personnalité, le formatage peut alors être efficace. Le but ? Avoir de parfaits petits soldats du soin, dévoués corps et âme, soumis à toute autorité, ne prenant jamais de recul sur le pouvoir des lobby pharmaceutique, ne remettant jamais en question le système de santé si bien établi.

La resignation des infirmieres s'apprend sur les bancs de l'IFSI 

Il y a environ 550 000 infirmiers en France, c'est la profession la plus représentée. Sans ce formatage forcené, croyez-moi qu'il y a bien longtemps que les conditions de travails auraient été améliorées et les salaires augmentés.
Mais voilà, le spectre des bonnes sœurs à collerettes n'est jamais bien loin. Ainsi les infirmiers acceptent tout, ils râlent oui, mais discrêtement. Et quand des actions sont mises en place, impossible de les mener jusqu'au bout parce que "pauvres patients, on doit bien les soigner".
Ba oui certes, mais quand on arrivera à une infirmière épuisée et malade pour cinquante patients, plus personne ne sera bien soigné, les erreurs médicales augmenteront et là on pourra dire à juste titre :
 "pauvre patient!"

suivez ce lien pour connaitre les réformes désastreuses à venir sur la formation des infirmiers

Comment un matin je suis devenue infirmière

Au secour ! Je suis en train de virer prof !

Tout a commencé sur un coup de tête, comme souvent avec moi.
Je terminais mes études d' Histoire à la fac quand je m'aperçu avec effroi que j'étais bien partie pour devenir prof (quelle idée de faire des études d' Histoire me direz-vous, mais ça c'est une autre histoire).
Il fallait me réorienter et vite avant que sans m'en rendre compte je n'achète mes vêtements à la Camif, devienne presbyte et m'abonne à Télérama.

Alors comme tous les enfants de profs qui ne veulent surtout pas faire comme leurs parents, j'ai passé le concours d'infirmière.

À défaut d'être bien payée, je ferai des économies de fringues 

Infirmière c'est bien, ça bouge, on se sert de ses mains, on est en contact avec les gens et c'est l'un des rares métiers où l'on bosse en pyjama. Avec du recul c'est surtout ce dernier point qui a achevé de me convaincre.

Pour survivre en IFSI mieux vaut avoir les nerfs solides

Je me suis donc jetée dans la fosse aux lions, le panier de vipères. J'ai affronté les évaluations tous les mois, que ce soit les mises en situations professionnelles ou les partiels écris, je me suis adaptée aux dragonnes des services, j'ai ravalé ma salive plus d'une fois en stage et à l'école.

 La formation d'infirmière a de quoi vous rendre schizophrène. La différence entre la théorie et la pratique est telle que beaucoup finissent par jeter l'éponge quand ils ne se jettent pas sous un pont.
Mais chuuuut.....

Pour en savoir plus sur la formation en IFSI, cliquez ici.