dimanche 25 novembre 2012

Les infirmiers au chômage


Qui a dit que les infirmieres ne connaissaient pas la crise ?

Pôle emploi : le nouveau quartier général des infirmières


Une rumeur qui enfle


Il circule des bruits bien étranges : de plus en plus d'infirmiers seraient au chômage. Dans ma région ce n'est pas le cas, normal personne ne veut y habiter et le salaire d'un infirmier ne permet même pas de se louer un studio de 12 m² . Mais voilà, de région j'avais justement prévu d'en changer, pour aller vivre dans une ville à taille humaine, ne plus dormir dans le salon, pouvoir me payer le chauffage quand il fait froid, manger autre chose que des pâtes et ne plus passer 10 h par semaines (quand tout va bien) dans les transports le nez à hauteur d'aisselles et le popotin à hauteur de mains. Bref rien d'extravagant comme projet, juste le minimum syndical que mériterait toute personne qui bosse.


Je me disais qu'avec mon boulot, à part peut être en Bretagne, je n'aurai pas de mal à trouver ailleurs. J'ai commencé par faire des recherches du côté de l'énorme CHRU de la ville que je convoitais : pas de postes. Je regarde les cliniques: pas de postes. Les Epahd ? Oui quelques postes avec les conditions que vous connaissez. Oh une offre pour bosser en entreprise! Oh 15000 euros brut par an! Oh mais ça ferait pas moins de 1000 net par mois ça? Je serai mieux payée chez Mcdo.

Je commence à sérieusement m'inquiéter quand je tombe sur deux articles sur un célèbre site de la communauté infirmière : il y a bien du chômage dans notre métier. Sur le forum du même site, des tas de membres disent ne pas trouver de travail. Sur Facebook un groupe est créé. Je tombe des nues, je ne comprends pas. La population n'est t-elle pas vieillissante ? Ne parle t-on pas partout de conditions désastreuses de travail dans les hôpitaux à cause du manque de personnel? 


À qui la faute ?

Si, et c'est de plus en plus le cas. Mais s'il y a bien une profession qu'on peut maltraiter sans bruit, c'est la notre. Les infirmiers ont accepté pendant des années de faire le travail pour deux voire trois personnes, de remplacer au passage le brancardier, l'ASH et la secrétaire. On les use jusqu'à la moelle, mais victimes de leur conscience professionnelle, ils continuent à courber l'échine parce qu'au bout de cette machine infernale il y a un patient qui souffre. Alors les structures de soins ont pris l'habitude à ce que le travail de trois personnes soit fait par une seule. Dans ce cas pourquoi embaucher ? Le travail risquerait-il d'être mal fait si on n'embauchait pas ? C'est pas grave on fera des économies. Se pourrait t-il que l'insuffisance de personnel soignant augmente le taux d'erreurs médicales conduisant au décès? Pas grave, notre larbin ira en prison et on en embauchera un tout frais corvéable à merci, bien trop content de trouver du travail. On pourra même baisser son salaire au passage. 


Un effet pervers qui profite à nos directions des soins

Effet domino, les infirmiers ne trouvant pas de travail postulent pour des postes d'aides-soignants, ces derniers risquant alors aussi de ne plus trouver de travail.
Encore plus pervers, les directeurs de soins jubilent de cette situation et se font un plaisir d'embaucher un infirmier en tant qu'AS , il coûte moins cher et le malheureux encore et toujours appitoyé sur le sort des patients ne pourra s'empêcher de faire en plus le travail de l'infirmier manquant.

Les hôpitaux ont trouvé la bonne manœuvre : pour le salaire d'un aide-soignant vous avez un aide-soignant et un infirmier ( et une femme de ménage, un brancardier, une secrétaire...)

Comment ont-ils reussi à faire accepter aux infirmiers cette situation ?

Connaissez-vous l'histoire de la marmite qui chauffe?
C'est une grenouille qu'on plonge dans une marmite d'eau froide. On pose la marmite sur un feu très doux. L'eau chauffe de plus en plus mais tellement lentement que cette pauvre grenouille s'y habitue et ne voit pas le danger arriver. Elle meurt ébouillantée.
Nous sommes exactement comme cette grenouille, à accepter de plus en plus de choses. Nous sommes en partie responsable de cette situation car qui ne dit rien consent. Il est grand temps de se réveiller chers collègues, exigeons un nombre de patients maximum par infirmier dans tous les services, refusons de faire le travail des autres, ne faisons plus d'heures supplémentaires ou alors payées en tant que telles et volontairement
. Il faut une action coup de poing, il faut faire le buzz. Pas le droit de grève? N'allez pas au travail avec une pancarte en grève sur le dos, mais allez travailler avec une blouse de patient sur le dos. Car oui ce système est en train de nous tuer à petit feu, de nous rendre malades et par la même occasion nous empêche de soigner ceux qui en ont besoin.
Les infirmiers ont une espérance de vie de sept à huit ans inférieure à la population générale, à ce rythme là notre espérance de vie va encore diminuer.
Élevons nos voix avant qu'il ne soit trop tard!

La région parisienne ne sera jamais touchée par le chômage infirmier, découvrez ici pourquoi

11 commentaires:

  1. Bonjour, je viens de découvrir le blog et je serais normalement prochainement diplômée inf. En lisant tout ça cela me fait peur mais pendant mes stages au fil des années je remarque que le France n'est plus ce qu'elle était et cela devient encore plus grave chaque jours qui passent...
    Je trouve le blog très bien ! Il faudrait tellement qu''on montre plus la galère des services et des ide pour que les gens puissent voir à travers nos sourires respectueux les conditions de notre travail....

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  2. Bonjour Pouxxii et merci pour ton commentaire. Tout d'abord je te souhaite bon courage pour tes études, en espérant que la lecture de ce blog ne te fasse pas baisser les bras. Notre métier est passionnant mais effectivement les conditions deviennent de plus en plus désastreuses. Victimes de notre conscience professionnelle, nous avons accepter de plus en plus de choses et aujourd'hui il est difficile de sortir la tête de l'eau. Le combat se fait à tous les niveaux, il est important que la prise de conscience se fasse très tôt chez les étudiants. Il est important de diffuser l'information, la vraie, car l'image que véhicule les média sur notre profession nous dessert souvent. Je te propose Pouxxii de rejoindre le groupe ni bonnes ni nonnes ni pigeonnes sur Facebook, c'est ensemble que nous arriverons à nous faire entendre. Très bonne journée

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  3. et un petit coup de pub, un!!! bravo! tout ceci est terriblement vrai. et nibonne sera peut être notre salut!

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  4. Il n'y aurait guère que vers le Canada que la situation serait moins pire (salaires et conditions), mais c'est sûr que se déraciner d'un seul coup d'un seul ça coûte aussi de la maille, et si ça foire à l'étranger pour une raison ou pour une autre, c'est sûr aussi que quand on revient on repart de zéro ou presque, les illusions en moins :-( Pas facile...

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  5. Je prépare justement un billet sur les inf français au Quebec, avec témoignages et tout et tout pour tenter de débroussailler le mythe de la réalité

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  6. Bonjour, je m'appelle Morgane et je suis étudiante infirmière à Dijon. Je voulais juste insister sur un point : SI on a le droit de se mettre en grève, je l'ai déjà vu faire. Cependant il faut accepter que ce soient les gendarmes qui viennent en chercher quelques unes d'entre nous à leur domicile pour faire le travail de plusieurs inf ("situation d'urgence" en gros) le temps de la grève... Mais c'est faisable.

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  7. bravo pour le site.
    J'ai ma fille qui est diplômée du "cru 2099/2012" et qui ne trouve toujours pas de travail. Ce n'est pas faute de se déplacer dans toute la France (elle envisage même l'étranger maintenant). Après chaque entretien, c'est une réponse négative, et quand elle "ose" demander pourquoi on ne lui donne pas de réponse la plupart du temps, donc elle ne sait pas ce qui cloche.
    Moi ça me fait peur, j'ai tout quitté l'année dernière, travail, ville, maison, pour une reconversion d'aide soignante.... j'ai bien peur d'avoir fait une grosse bêtise ! J'ai 53 ans....

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  8. pour les aides soignants il y a plus de boulot que pour les IDE.
    eh oui IDE et au chomage, 17 ans de boulot dans les pattes et on me propose un TP à 1400€/mois !!!! ou alors il y a toujours quelque chose : pas assez ça, trop ci, pour les crèches je ne suis pas puer, pour la psy j'ai pas d'expérience, pour le handicap je n'ai pas d'expérience du handicap, comme je suis restée longtemps en libéral, je ne suis plus "assez rapide", je ne connais plus les traitements, et peut être même je ne suis pas ponctuelle (!) et je ne sais pas bosser en équipe. Bonjour les clichés ! résultat je cherche un mi temps et je ne trouve rien, et je vais être "obligée " soit de bosser en nuit soit d'aller bosser dans un secteur qui ne m'interesse pas parce que l'intérim ne tourne plus non plus et que je ne trouve plus de vacations. vivement que je quitte la profession mais même là, on me remballe, finalement je vais peut être aller postuler chez macdo ! belle réussite pro y a pas à dire. Quand on refuse les conditions actuelles de boulot d'ide il ne reste pas grand chose...

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  9. Bonjour,

    Je suis manipulatrice radio, diplomee depuis juin 2013. Je suis peinee et etonnee de voir que les infirmieres aussi ne trouvent pas de travail. Pourtant quand on voit les services, des infirmieres supplementaires ne serait pas de trop.
    On repete souvent que la sante est un secteur qui recrutent, que suivre une formation pr etre IDE est gage d'un avenir professionnel...
    Pour les manips radio aucun avenir. En tout cas, je ne m'en voit pas un en France. Peu d'offres d'emploi, ou des salaires tres bas. Habitant en region parisienne sans toutefois habiter pres de Paris, tres difficile de trouver un logement decent sans devoir y mettre tout mon salaire. Pour cela, je rejoins votre avis concernant le logement en region parisienne.
    Bien que j'adore mon metier, j'ai qques regrets, je ne pensais pas que ce serait si difficile de trouver un poste mm en Ile de France.
    Une question me tarode. Comment cela se fait-il qu'on voit bcp d'offres d'emploi pr les infirmieres et que certaines (ou certains) infirmieres soient au chomage? Je m'en excuse par avance si ma question vous semble idiote ou inapropriee. J'aimerais juste connaitre votre avis.

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  10. Bonjour!
    @manip&#39 :"Comment cela se fait-il qu'on voit bcp d'offres d'emploi pr les infirmieres et que certaines (ou certains) infirmieres soient au chomage?"
    De quelle région parlez vous? Sans doute Paris, car par exemple ici, en drôme/vaucluse, les offres d' emploi st rarissimes, et la plupart st ds les EPHAD...Je n' ai rien contre , sauf que je ne suis pas encore désespérée au point d' accepter de bosser à la va- vite, traiter les résidents comme des objets, car pas assez de personnel...Donc oui,pour moi ,c 'est vraiment le chômage. à moins d' accepter des postes payés une misère,ou sans reprise d' ancienneté...Trop de fierté? Peut- être...

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  11. Idem... Me concernant, j'habite en région parisienne, et il est vrai que si je trouve des postes, la plupart se trouve en EHPAD, et le salaire proposé me fait perdre de l'argent par rapport à rester au chômage. Compte-tenu de toutes mes charges, je ne peux pas me permettre de gagner si peu d'argent. La solution que je vais adopter : prendre 1,5 voire 2 plein temps, comme le fait mon mari, qui est aide-soignant. Le souci : outre le fait de ne plus avoir de vie familiale, ma santé pas terrible, que je vais terminer de détériorer...

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