vendredi 25 octobre 2013

Il faut se rendre à l'évidence...Le metier d'infirmier n'existe plus





Il faut se rendre à l'évidence : notre métier n'existe plus.

Lors de ma courte carrière (qui n'est pas encore terminée) j'ai eu la chance de travailler dans de nombreux endroits, je n'y ai trouvé que de l'herbe jaune.
Une étudiante m'a écrit en commentaire : j'ai peur d'être trop soignante pour survivre aux soignants. De son regard encore frais d'étudiante les soignants sont inhumains.

Ça m'a touché. On s'est tous juré quand on était étudiant de ne pas devenir comme "ça". Ce dont on ne pouvait pas se douter alors, c'était que la plus grande difficulté en tant qu'infirmière ne serait pas de survivre aux autres soignants mais de survivre à nous même. Garder les valeurs, la flamme qui nous ont poussées à choisir cette profession. Ne pas réécrire une pathétique copie contemporaine d'un mélange entre La bête humaine et L'assommoir.

Aujourd'hui notre métier n'existe plus. Nous sommes des ouvriers. Des ouvriers très bon marché les Dimanche et jours fériés. Des ouvriers pour qui les conditions de travail sont telles, que dans certains services, les accidents du travail sont plus élevés que dans le BTP.

On nous parle de care, de cure, d'humanitude et de bientraitance. Que de propos ronflants que seuls ceux qui n'auront jamais les sabots trempés d'urines, la blouse tachée de sang et à 30 ans le dos d'un vieillard de 90 ans peuvent encore oser prononcer.
Que de concepts pompeux sur lesquels, devenue abattue et abêtie par ce système de soins de plus en plus monstrueux, je n'ai plus la force de philosopher et dans un râle désespéré je ne trouve qu'à répondre : fuck off ! Permettez-moi l'expression.

Un vieil homme très célèbre décédé maintenant nous a laissé un message : indignez-vous !

L'indignation à ce jour est la seule arme qu'il me reste et qui me prouve que, à défaut d'humanitude bien trop chronophage, il subsiste chez moi une once d'humanité.