mercredi 26 décembre 2012

Les mamies aiment les bad boys



Un médecin qui ressemble à Nicolas Sirkis : succès inatendu chez les dames du quatrième âge

 En cette fin d'année morose - la crise, la "faim" du Monde, Gégé national qui nous abandonne sur le bateau submergé - rien de tel qu'un petit billet léger. Le mur des lamentations est déjà chargé comme un mulet turc, n'y rajoutons pas le vanity case de Paris Hilton.

Service de gériatrie court et moyen séjour - non revenez, ne tirez pas la tronche, juré il n'y aura pas de morts ! - Une dizaine de vieilles dames (et quelques vieux messieurs aussi mais il faut avouer que le sexe "fort" se fait rare passé un certain âge) se morfond dans le service. Elles sont là à la suite d'une chirurgie orthopédique le plus souvent et attendent de retrouver assez d'autonomie pour revenir chez elles.
Ce que j'aime dans ce genre de service de gériatrie - car il m'arrive aussi d'aimer mon métier - c'est que contrairement aux EHPAD où l'on voit chaque jour ses résidents décliner un peu plus, les vieux (eh toi là-bas ! Oui toi qui a le poil qui se hérisse comme le chat de ma belle-mère à chaque fois que je dis "vieux"! Vieux n'est pas une insulte c'est un état, alors respire un grand coup, détache le dernier bouton de ton pantalon s'il le faut et retire moi ce faux air outré de ton visage) ici sont là pour aller mieux. L'atmosphère y est différente, la grande faucheuse n'est pas tapie derrière chaque porte, notre ami Al Zheimer n'a pas une grosse côte de popularité, il joue aux cartes dans un coin avec Lévy et le fils de Parkin. Bref, sans aller jusqu'à dire que le court séjour gériatrique ça ressemble à ça:


c'est tout de même un domaine où, si les conditions de travail ne sont pas trop dégueux, il peut-être très agréable de travailler.
Agréable pour une chose principalement : les vieilles sont d'incorrigibles pipelettes, avec l'âge toutes leurs petites manies se sont amplifiées, leur donnant à chacune une sacré personnalité unique et attachante que je ne me lasse pas de découvrir.
Il y a la coquine qui ne peut s'empêcher de vous pincer les joues ou les fesses. Il y a la coquette qui vous asperge de son eau tonique dés que vous franchissez le pas de sa porte:
- mais Madame, je pue tant que ça ?
- mais non mon petit. Je sais que vous n'avez pas d'argent pour vous acheter du parfum.

Il y a la gourmande qui vous engraisse à grands renforts de chocolats et de bonbons La Vosgienne. Il y a la maquerelle qui veut absolument vous caser avec son petit-fils :
Il est gentil mon petit-fils et il a plein d'argent !
Décidément je dois vraiment avoir l'air pouilleuse. Puis sa voisine, la grenouille de bénitier qui vous assène de "que Dieu vous protège" en guise de merci et qui ne manque pas de prier pour vous à l'office du Dimanche.

Toutes ces vieilles dames, de la plus joviale à la plus acariâtre, ont quelque chose en commun : une passion débordante pour le médecin du service. Jeune ténébreux des pays de l'Est, les bras couverts de tatouages, le visage criblé de piercing, une coupe punkie, un accent à couper au couteau Laguiole. Il a de faux airs de Nicolas Sirkis, chanteur du groupe Indochine. Le genre d'homme qu'on ne peut pas présenter à ses parents sans avoir préalablement dilué 1/4 de Lexomil dans leur verre de vin. La première fois que je l'ai vu, je me suis imaginée toutes les patientes apeurées, choquées, sacandalisées qu'une telle créature puisse être médecin et daigner les soigner. C'était bien mal connaître les mamies et leur ouverture d'esprit parfois inattendue. Il a fallu me rendre à l'évidence : les mamies aiment les bad boys.

5 commentaires:

  1. Très drôle, j'aime beaucoup votre sens de l'humour et votre esprit d'observation, votre facilité d'écriture est un régal. Continuez, une ex IDE de 69 ans. Vous n'êtes pas une "plaigneuse

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  2. Eh bien merci, je suis flattée et encouragée à continuer alors...une plaigneuse, non... Une râleuse c'est possible!

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  3. Ton blog est vraiment plaisant à lire et riche d'enseignements. Merci de partager ces moments de vie pro que tu parviens à transmettre d'une façon drôle et profonde à la fois. Je me destine à la gériatrie pour ma part -j'attends les résultats de l'écrit, aargh-, et ton article me conforte dans cette voie. Merci de ton humanité et de ton bon sens. Une vraie infirmiere que voilà !

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  4. Une vraie bouffée d air frais dans notre boulot pas toujours évident. Bravoo tu m as redonné le sourire apres une grosse journée de boulot.

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  5. moi je travaille en médecine gériatrique et le monde des bisounours je peux affirmer que ce n'est pas chez nous ! alzheimer est dans toutes les chambres les caresses sur les fesses sont faites par les papis désagréables et vicieux sans compter les fugues les crachats les insultes les coups de cannes les familles très désagréables et dénuées de respect vis à vis des autres patients et du personnels les décès quasi tous les jours et les horaires à la con plus les heures sup et j'en passe et le harcèlement constant de l'encadrement des bons côtés il n'y en a plus beaucoup !

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