Après la lecture de ce billet vous serez en mesure de savoir si vous pouvez signer un contrat d’embauche les yeux fermés où s’il vaut mieux prendre vos jambes à votre cou, quitte à repasser par la case pôle emploi.
Dans un ordre absolument arbitraire, nous avons :
- Le pressé : la première question qu’il vous a posée au téléphone était la date à laquelle vous pouviez commencer. Lors de l’entretien, vous remarquez qu’il a écrit en gros au bic rouge cette date en haut au centre de votre CV et qu’il l’a surlignée trois fois en vert fluo. Méfiance ! L’infirmière à laquelle vous devez succéder n’en pouvait tellement plus qu’elle a posé sa démission du jour au lendemain, soldant ses congés payés sur son mois de préavis. L’ambiance du service étant tellement exécrable qu’elle n’a eu aucun scrupule à ne pas laisser à sa hiérarchie le temps de se retourner. Ce recruteur a juste besoin de deux mains pour faire tourner le service. Vos compétences, vos motivations, vos désirs d’évolution, c’est loin d’être son problème. Il vous remplacera aussi vite dans 6 mois quand vous vous serez tué à la tache à votre tour.
Mon conseil : fuyez
- Le marchand : chez lui c’est les soldes toute l’année, le prix affiché n’est jamais le prix vendu. Génial ! Si ce n’est que cette fois la marchandise c’est vous ! Vous postulez pour une offre d’emploi avec un salaire débutant à 2200 brut mais très vite au cours de l’entretien, la rémunération semble suivre le cours de la bourse et 2200 se transforme en 1800… Primes, week-end et jours fériés inclus. Méfiance ! Ce recruteur n’a non seulement aucun scrupule à vous faire perdre votre temps mais en plus il vous prend d’emblée pour une idiote. Il vous fera miroiter tout un tas de trucs que vous n’obtiendrez jamais.
Mon conseil : fuyez
- Le flatteur : Même dans ses rêves les plus fous il n’osait imaginer recevoir une candidature comme la votre. Votre approche de l’art infirmier et votre philosophie soignante sont très intéressantes et méritent d’être mises en valeur. Il a de grands projets pour vous et votre carrière dont il voudra rediscuter dans quelques mois, après votre période d’essai. Méfiance ! Trop de flatteries n’augurent jamais rien de bon. Ce recruteur vous fera accepter tout et n’importe quoi en vous passant de la pommade, pour une fois que quelqu’un vous adule autant vous ne voudriez pas baisser dans son estime. Mais quoi que vous fassiez, ce recruteur opèrera un virage à 90° dans son comportement envers vous et deviendra exécrable. Vous, ne comprenant plus ce désamour soudain, vous retrouverez à travailler d’arrache pieds avec une estime de vous-même au niveau de la mer.
Mon conseil : fuyez
- Le commercial : Par la magie de la réorganisation du système de santé, ce diplômé d’une école de commerce à 30 000 euros l’année se retrouve à la tête de la direction des ressources humaines d’un hôpital. Entre vous et lui c’est un dialogue de sourds pour ne pas dire de fous. Vous pensez qualité des soins, il pense rendement. Lors de l’entretien il vous pose des questions très générales sur votre profession : les transmissions, la gestion des conflits d’équipe. Dés que les termes que vous employez sont un peu techniques, il perd le fil et, gonflé d’orgueil par un formatage l’ayant convaincu qu’il faisait partie des élites de la France, insinue que vous vous exprimez mal. Méfiance ! Ce recruteur ne connait absolument pas vos compétences et a en tête l’image de l’infirmière un brin neuneu, dévouée aux patients et espérant pour seule rémunération une place au Paradis. L’organisation de ses services est une véritable catastrophe car il ne touche même pas du bout du doigt la réalité du terrain.
Mon conseil : Fuyez
- Le menteur : Il sévit dans la fonction publique hospitalière. Le menteur est tout sourire, vous embauche au 4ème échelon en tant que débutante dans le service que vous souhaitez, il vous promet que vous pouvez faire quelques heures supplémentaires pour boucler vos fins de mois. Méfiance ! Ce que ne vous dit pas le menteur, c’est que sitôt titularisée, vous retomberez au premier échelon. Le service que vous convoitez n’a comme par hasard pas de poste disponible pour le moment mais promis, après trois mois en long séjour gériatrique vous y travaillerez. Trois mois…ou cinq ans, tout le monde n’a pas la même notion du temps. Les heures supplémentaires seront placées sur un compte épargne temps que peut-être un jour vous pourrez utiliser si les conditions de service le permettent et si vous n’êtes pas mort avant.
Mon Conseil : fuyez
Après avoir fait face au pressé, au marchand, au flatteur, au commercial et au menteur, vous voilà bien dépourvu dans votre recherche d’emploi, désespérant de travailler pour quelqu’un de respectueux et honnête. Ne vous découragez pas, reste une dernière catégorie de recruteur, ma préférée :
- Le franc du collier : C’est aussi un passionné, l’ambiance dans son équipe lui tient à cœur et il se pliera en quatre pour faire en sorte que tout se passe au mieux. Le franc du collier aura une technique d’approche quelque peu déconcertante : il mettra en avant toutes les difficultés à travailler pour lui. Avec lui pas de mauvaise surprise et vous pouvez au moins être sûre qu’il connait votre profession, ses contraintes, ses risques et ses subtilités.
Mon conseil : signez
(Pas de chance pour moi ce type de recruteur travaille souvent en cancérologie).
Eh eh, tu m'as bien fait rire!
RépondreSupprimerMine de rien ça me donne encore plus envie de travailler! vivement la fin des études (qui viennent tout juste de commencer pour moi! :p)
Moi j'ai une autre technique face aux pressés: négocier. (Valable surtout quand on travaille comme vacataire, pour un CDI, effectivement, fuyez ;) ). Le pressé à besoin de toi, alors rend toi important, et négocie ton salaire, tes horaires, tes changements de postes, et même, en fonction de la tête du pressé, "ha mais oui mais sauf samedi prochain, j'ai piscine!". Je veux bien travailler quand les autres sont en vacances où ont déserté on-ne-sait-où (mais souvent, on-sait-pourquoi), mais faut pas déconner non plus ;) plus sérieusement, ton article est super, étant vacataire j'ai l'habitude des entretiens d'embauches à la pelle, et ça se passe souvent comme ça malheureusement. Le mieux, ça reste encore quand les cadres de services font passer les entretiens eux mêmes, au moins ils savent de quoi ils parlent...
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