Marie-Bénédicte Bellange
12 impasse des pigeons
81220 Sainte Anne sur Tarn
Madame, Monsieur,
Actuellement à la recherche d'un poste infirmier votre annonce a particulièrement retenu mon attention.
En effet, je retrouve dans les valeurs de votre structure ce qui m'a poussé à exercer cette profession, pour ne pas dire cette passion : la vocation, le don de soi, le sacerdoce.
Ces qualités traditionnelles indispensables à toute infirmière se perdent, hélas, de nos jours. À une époque où les gens deviennent de plus en plus exigeants quant aux conditions de travail, je n'ai pu qu'en constater les dommages collatéraux : une désacralisation de notre beau métier, la perte de la notion de sacrifice du soignant pour le patient.
Soyez sûrs, Madame, Monsieur, que je ne fais point partie de ces personnes, Dieu m'en préserve. Mon dévouement à ma profession n'a d'égal que mon abnégation face à la hiérarchie.
Je ne suis pas devenue infirmière, je suis née infirmière. J'ai eu la révélation de cet état de fait lors d'un pèlerinage à Lourdes en Août 2001. J'ai depuis lors la mission personnelle de faire renaître et rayonner les vraies valeurs de notre profession auprès des patients comme auprès des soignants. C'est pour ces raisons que je pense avoir le profil correspondant à ce que vous recherchez.
Je saurai également me rendre hautement disponible, mon lieu d'habitation se trouvant à deux pas de votre EHPAD et n'ayant que peu voire proue d'obligations personnelles.
Il va sans dire que je ne sous-entends pas par là m'enrichir par des heures supplémentaires, c'est de bon cœur que je viendrai en aide à mon équipe, son sourire et sa gratitude valant tout l'or du Monde.
Dans l'attente d'une réponse de votre part, je vous prie d'agréer, Madame, Monsieur, l'expression de mes salutations distinguées.
Marie-Bénédicte Bellange.
Un concours, trois ans et plus d'études, un mémoire, des rythmes variables et décalés, travailler de nuit, les week-end, les fériés, des risques pour la santé élevés, une forte exposition aux agressions, fréquenter quotidiennement la douleur et la mort, une responsabilité pénale et civile engagée à chaque acte, pas le temps de manger, pas le temps de boire, pas le temps de pisser... Et tout ça pour le SMIC ? De qui se moque t-on ?
On a vraiment touché le fond.
Je vous invite à entrer en résistance, car il ne faut pas tout accepter, car accepter de tels salaires c'est dénigrer quelque part notre profession. Boycottez ce type d'annonce, ou mieux, envoyez leur de belles lettres de (dé)motivation afin d'affirmer haut et fort que le temps des nonnes à cornettes est bel et bien révolu.