Nous, personnel soignant, avons une chance extraordinaire. Nous sommes une ressource cachée que personne ne pense à exploiter. Nous somme un indicateur d’humeur imparable, un observatoire sociologique hors paire (ouille mes chevilles !)
Nous avons ce pouvoir rare de voyager quotidiennement à travers des mondes parallèles.
A l’hôpital nous rencontrons des gens que nous n’aurions peut être jamais eu l’occasion de croiser à l’extérieur. A l’hôpital se regroupent des gens qui ne se croiseront jamais à l’extérieur.
L'hôpital, le microcosme accéssible d'une société trop vaste pour en inspecter tous les recoins.
Nous sommes constamment projetés d’un univers à un autre, d’une culture à l’autre, d’une personnalité à l’autre, et ce pour mon plus grand plaisir.
Du riche héritier au déshérité, de l’homme politique au SDF, du catholique à l’anarchiste, du voyou à la victime, du royaliste au communiste… Mon aiguille comme une perpendiculaire trace l’espace d’un instant un chemin entre ces mondes et le mien.
A travers mon kaléidoscope j’observe le monde qui m’entoure, le contraste de ses lignes et couleurs, la rugosité ou la douceur de ses matières. J’admire le tableau, c’est de l’art moderne. J’y repère les lignes discrètes qui relient entre eux les centaines d’éléments.
Caméléon le jour, je m’adapte au nouveau paysage que je découvre derrière chaque porte de chambre.
Le soir je me transforme en alchimiste. A l’heure des songes, les petits miroirs du kaléidoscope se mélangent entre eux, formant un énorme bouillon de culture aux parfums de société.
Je sens les tendances, par déduction l’avenir devient une évidence : parfum de tristesse, parfum d’espoir…parfum de colère en ce moment. La révolte ne saurait tarder…
Citation de toi :
RépondreSupprimerun observatoire sociologique hors paire (ouille mes chevilles !)
Il est des associations textuelles que l'on pourrait qualifier de sujettes à confusion si elles n'étaient aussi courageusement assumées.
Respect pour ça (aussi), y a du niveau sur ton blog !!!
Merci fin lecteur ;-))
RépondreSupprimerC'est seulement un fois que l'on touche le fond que l'on est enfin près à se révolter. En effet il est grand temps. Très beau texte.
RépondreSupprimeroui il est grand temps de se révolter.... nous sommes un petit batiment de gériatrie à Toulouse en ce moment à s'être lancés dans une grêve pour plus d'effectifs,le droit à des vacances l'été quand on veut, oh combien méritées ..... en espérant que nos collègues des autres secteurs qui sont aussi concernées nous rejoingnent dans notre mouvement! bon courage à tous!!!
RépondreSupprimerMerci Anerick ! "anonymous" bravo pour votre mouvement de grève , en espérant qu'il fasse des émules
RépondreSupprimerPour avoir "découverté l'hôpital" finalement assez récemment (il y a six ans) lors de mes premiers stages, j'ai l'impression que le travail à la chaine, nous y sommes déjà. Certains services peuvent encore s'organiser, matériellement, humainement et temporellement comme un "vrai" service de soins, mais cela ne va pas durer... Et par rapport à ce que dit l'infirmière du début du reportage, on ne parle même plus de "clients" en conseil d'administration (dans "mon" hôpital), mais de "produits". Et ça, ça fait vraiment froid dans le dos.
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